Défi Frank Herbert: Poetry

   Inséré dans le fameux "the Maker of Dune" de Tim O'Reilly, un article rédigé par F. Herbert pour un magazine de la côte ouest* et publié aux environs de 1971 vient aiguiller le lecteur vers des pistes de compréhension de la perception que développe l'auteur de Dune pour la poésie. Alors que ce dernier n'est pas premièrement connu pour être un poète**, il publia néanmoins quelques quatrains et autres sonnets, et le lecteur de Dune aura noté l'utilisation faite de cette technique dans ses textes. Sans aller faire une recherche croisée extensive de l'usage de la poésie dans les œuvres de F. Herbert, il devient instructif de saisir une partie de l’intérêt qu'il porte à cette forme de la littérature afin de se munir d'un n-ième prisme de lecture et d'apprécier plus intensivement le texte de Dune (entre autres).

   L'article semble en premier lieu vouloir répondre à une question toute journalistique qui consiste à rendre compte d'un fait de société récent, ici un certain renouveau d'intérêt pour la poésie, et à en donner une perspective. " And for some reason, it's [poetry] gaining among those same boys, now that they're growing up. On campuses, in coffee houses and, to a degree, on Montgomery Street, you hear it said that poetry is a cool thing. So where is the dividing line between the reluctant grade-schoolers forced to memorize Thanatopsis and the sensitive human turned on by Dylan? " (p88)
   Mais c'est aussitôt pour se transformer en que l'on pourrait appeler une définition personnelle de ce que le poète serait. En collectionnant des citations, F.H. veut nous montrer trois éléments qui le caractérisent selon lui.
  1. si le poète est en quête d'identité, il ne semble pas exister d'identité-type du poète et celui-ci considère le monde d'une manière bien différente du non-poète.
  2. parce que le poète cherche à 'fabuler' le monde, il est profondément impliqué dans la signification et dans le rythme du langage qui est une forme de matrice de l'esprit.
  3. en cherchant à dépasser les dichotomies traditionnelles, le poète doit à la fois s'imprégner de et pénétrer son environnement, devenant par là même bien plus conscient des dynamiques alentours qu'il va s'entrainer à rendre compte avec personnalité.
   L’idée de clôture étant que le poète veut la provocation d'une réaction chez le lecteur, que le poète est une forme de catalyseur. Citant A.Marcus***, F. Herbert conclue ainsi : " 'Little by little something occurs. It's almost electrical, a current that flows from the page to the reader, from the reader to the audience. You feel a sense of place, that you have been welcomed into a revelation.' In that moment, you have been transported into the translucent world of language where sounds become a captivating dance of symbols. That dance is called a poem. The poet is a choreographer of words. " (p91)

   Alors, je ne pense pas que lire cet article ne 'révolutionne' le prisme de lecture de son œuvre, néanmoins il permet d'apporter des éléments très appréciables de compréhension quant à l'insertion de poèmes dans le Cycle, il permet de se faire une idée du pourquoi et d'élargir par là sa propre capacité d'évaluation de ces 'intrusions' textuelles: renforcer une dynamique linguistique, rendre une impression personnelle, insérer des points de vues subjectifs dans la narration...
   Quelque part, épiloguer le Messie de Dune avec cet hymne du Ghola ne parachève-t'il pas cette impression de tragédie ? Faire intervenir aussi incongrument un poète pour lire un passage introductif des Mémoires Volés devant des conférenciers ne trahit-il pas une volonté de vouloir donner un certain ton au texte qui suit ?
   Un peu de oui, certainement du mais - quoi qu'il en soit, revoir les passages du Cycle qui empruntent de cette technique littéraire avec en tête cet article aide à continuer à se laisser glisser dans le courant du texte.

   " The world happens twice: once the way we see it as; second, it legends itself, deep, the way it is. I write because I keep searching fot that second happening, that deep legending of our lives. " - William Stafford (p89)


* en fait, le San Francisco Examiner's California Living magazine, ou il était rédacteur et éditeur.
** en dehors des quelques poèmes épars dans Dune, voir : "Cartage: Reflections of a Martian", in Mars, We Love You, ed. Jane Hipolito and Willis E.McNelly. Doubleday: New-York, 1971 
*** pour en savoir un peu plus sur elle, voir ce WordPress  et ce BlogSpot


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cet article est publié dans le cadre du Défi Frank Herbert
organisé par Anudar et co-hosté par DAR


Commentaires

  1. Bravo Ionah : tu es le premier à publier sous ce TAG ! Je suis encore loin d'avoir terminé "La Ruche de Hellstrom", de mon côté...

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  2. cool :)
    as tu pensé à définir un #tag pour tweeter ?

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  3. Superbe article, et inattendu sur FH. Compliments !

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