Hokusai - 葛飾 北斎

   Le nom de cet artiste japonais, Hokusai, est très souvent lié au mot estampe, voire ukiyo-e. Il peut venir aussi à l'esprit cette xylographie, icône presque identitaire du personnage, représentant une scène effroyable figée en un mélange de bleu et de blanc dans laquelle deux barques affrontent une terrible vague. Dans le fond, presque vague lui-même, le Fuji-yama. Courbés, ces hommes attendent le passage de la déferlante. Au pied de la montagne des dieux, peut-être eux-même témoins de la scène, ils sont résignés devant la démonstration de la puissance de la nature, mais demeurent obstinés.

la grande vague au large de Kanagawa
planche de la série 'les 36 vues du mont Fuji' , vers 1831

   Hokusai est définitivement contemporain à son époque, il ne cherche pas à fuir ou à transformer son monde mais à le rendre aux yeux de tous dans ces plus diverses forment illustratives. Comme nous le met en garde l'auteur, il ne s'agit pas d'un Michael-Ange dévoué à peindre sa chapelle, il est littéralement un fou de dessin touche à tout.

   Vivant ou parfois survivant de sa production, il publia durant toute sa vie - même si c'est durant les années plus avancées qu'il fut le plus aboutit et le plus productif - des travaux de nature et facture variées et inégales. Simples dessins, caricatures, illustrations, surimono, brocart, ukiyo-e... sur tout support, il saisissait ce qu'il voyait, ou par défaut ce qu'on lui racontait de lieux où il ne s'était pas encore rendu, tout ce que sa société civile produisait et comportait en gens et métiers mais aussi les paysages. Le mont Fuji, les héros de légendes, les métiers, les monstres, la faune... c'est tout le Japon de la période d'Edo qui est capturé et restitué sous ses pinceaux ou sous ses gravures.

   Loin de toute transcendance, c'est une immanence qui se dégage de son œuvre: derrière les représentations parfois naïves ou avec fausses perspectives, le Japon des roturiers vit. Le caractère diffluent et éphémère de son monde vient s'y fixer, les impressionnistes européens auront apprécié cette caractéristique lorsque les premières estampes arrivèrent du Japon vers 1856 (cf. article précédent: Japanische Farbholzschnitte).

Somobesaemon Yoritane et l'araignée géante - Illustration de La neige du jardin. 1807
Illustration d'un poème de Yamabe no Akahito - Extrait de la série des Cent poèmes expliqués par la nourrice. vers 1835

Vent d'autone sur les brins de z. Illustration d'un poème de Minamoto no Tsunenobu, Katsura no Dainagon - Extrait de la série des Cent poèmes expliqués par la nourrice. vers 1835

Shishi - Dessin. 1843-4844

Shishi - Dessin. 1843-1844
gauche: Oiseaux chidori voletant au-dessus de la crêtes des vagues - Estampes. vers 1931
droite: les Chutes d'Amida - Estampe. vers 1931

gauche: Représentations musicales - Estampes caricaturales du type Tobae. vers 1812-1813
droite:Porteurs de palanquin - Estampes caricaturales du type Tobae. vers 1812-1813

gauche: Planches de la Méthode pour appendre à dessiner rapidement. 1812
droite: Caricatures - Planches de la Manga


gauche: jeune femme de dos se maquillant avec poème en chinois de Santô Kyôden - Peintrure sur papier. Vers 1800
droite, en haut: Passage du gué - Estampes caricaturales du type Tobae. vers 1812-1813
droite, en bas: Caricatures - Planches de la Manga

le Mont Fuji sous l'orage - Planche de la série des Trente-six vues du mont Fuji. vers 1831

Courtisanes et servantes en route pour le coucher sous la pleine lune -  Illustration d'un poème de Gonchûnagon Masafusa (Ôeno Masafusa, Ôeno Tadafusa)), extrait de la série des Cent poèmes par la nourrice. vers 1835

le Mont Fuji par vent frais et matin clair - Planche de la série des Trente-six vues du mont Fuji. vers 1831

Félicité en haut de la colline -  Illustration d'un poème de Gonchûnagon Masafusa (Ôeno Masafusa, Ôeno Tadafusa)), extrait de la série des Cent poèmes par la nourrice. vers 1835

Vent soudain - Planche des Innombrables croquis de Hokusaï, vol12. vers 1834

   Le livre nous fait voyager avec ce personnage particulier dans une époque révolue, celle des bakufu, celle d'avant le modernisme occidental forcé de l'Empereur Meiji qui ne plus que se contempler qu'à travers ces représentations qui parfois frise avec le folklore. Mais suivre Hokusai, c'est aussi pénétrer les techniques et le fonctionnement de la société d'alors.

    Et il nous donne beaucoup à voir. Dans cet ouvrage, la profusion des illustrations n'a de limite que la réduction imposée par le format A5. En le reposant, on revient d'un voyage dans le temps - peut-être idéalisé par le caractère poétique et nostalgique des thématiques - mais on veut y retourner, on veut en revoir et voir plus.

   Et peut-être en plus grand !


 
Hokusai, Henri-Alexis Baatsch

Vie & Œuvres
Ed. Hazan, France, 2008 (1ère édition 1985)
ISBN 9782754102889








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cet article est publié dans le cadre du Défi Lecture: Images du Japon

Commentaires

  1. Je crois savoir que Monet avait un goût prononcé pour les estampes japonaises... Mais je ne sais pas s'il appréciait Hokusai en particulier.

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  2. Monet n'est pas le seul impressionniste non plus. Mais je me rends compte que ma phrase est tronquée ^^

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  3. Ah toi aussi tu as fait le défi lecture !

    Oh lala j'ai totalement mis ca de coté j'ai honte. J'ai des articles à ce sujet a faire en plus, les livres sont lus presque en totalité.

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  4. septembre... c'est presque demain...

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