Au Carrefour des Étoiles

  "Nous voyageons d'étoile en étoile. Plus vite que la pensée. Pour cela, nous nous servons de ce que vous appelleriez des machines. Mais ce ne sont pas des machines. En tout cas, pas dans le sens où vous l'entendez."
   Au fin fond du Wisconsin, personne ne voit les extra-terrestres transiter.

   Un roman qui peut se qualifier de dense, non pour la complexité de son intrigue, ou pour ses personnages et ses paysages, mais pour la richesse des idées qu'il transporte. Un ferme isolée autour de laquelle un agent du FBI vient fouiner car son occupant semble ne pas vieillir, cela peut apparaître relativement conventionnel comme trame de départ. Pourtant à partir d'un cadre réduit à très peu d'éléments, l'auteur étale une rubrique-à-brac de concepts présentés ou effleurés lors de chapitres qui - mis à la suite - donne une dynamique, un sens du mouvement dont le lecteur aura parfois peine à comprendre l'implication ou la place par rapport à l’intrigue centrale, mais qui stimule l'intérêt grâce à des perspectives et des variations sur diverses thématiques.
   Les rencontres, les contacts ou les échanges avec les extra-terrestres sont des expériences qui ne se limitent pas à une description d'une chair autre, mais d'un mode d'être différent. Avec leur spécificités fictives, les habitants du profond de la galaxie vivent autrement, pensent autrement, réagissent autrement. En transitant dans cette ferme abandonnée, ils y laissent des traces, des aperçus à Enoch, le gardien de ce secret. 
   Un gardien solitaire, qui au fils des décennies a changé sa facon d'être, de penser son propre monde dont il le pense courir à sa perte. Tellement solitaire que deux de ses rares connaissances sont des sortes de personnages virtuels dont la nature et la cause restent vague.
   Les technologies, les objets, les êtres: tout est mystérieux et le demeure dans cet environnement retranché et ses habitants particuliers.
   Aussi, dans les années 60, la peur d'un conflit mondial nucléaire est une constante référentielle et elle s'invite également dans ce roman. Car ce qui s'y joue également, c'est la place de la Terre dans la confédération galactique: sa population, ses civilisations sont-elles aptes et mûres pour rejoindre celles qui font déjà partie de ce grand système. C'est un peu à son insu que Enoch devient le seul représentant de facto de son monde face à certaines hostilités bien fondées.

   Ce roman ne déçoit pas, il émerveille par sa simplicité apparente et la quantité d'idées qu'il charrie. Loin d'être écrasé par cette masse, la narration s'en libère en ne s'imposant pas le besoin d'être factuel et exhaustif sur le pourquoi et comment ainsi que sur la technicité des implications sur la trame textuelle. Cet affranchissement permet quelque part au lecteur de s’enivrer dans ses propres spéculations sur ce que ces choses pourraient être, afin de moins se fâcher sur la simplicité résiduelle de l'intrigue.




Au Carrefour des Étoiles, Clifford D. Simak

Way Station, 1963


Huis-Clos Interstellaire Dramatique
J'ai Lu, coll. Science-Fiction n° 847, 1978
Illustration de Philippe Caza


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Commentaires

  1. Salut !
    Super, c'est l'un des premiers romans de SF que j'avais lus quand j'étais gamin !!!
    Ca m'avait beaucoup marqué, cette maison en apparence anodine mais capable de résister à une bombe nucléaire et la fois où le personnage, assis sur le perron, se dit que c'est peut-être la dernière fois qu'il sent le vent sur sa peau...
    Ca me ferait plaisir de le relire, tiens !
    A bientôt,
    Jérémie

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  2. en efet, quoi de mieux pour débuter un voyage dans la galaxis SF que d'emprunter le carrefour des étoiles :) !!

    à bientôt chez les Lumineux, ou du côté de Belategeuse !!

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