les Casaniers de l'Apocalypse

   Pour la vie «post-apo», il faudra peut-être, se dit-on sérieusement, redevenir chasseur-cueilleur. Il faut, en tout état de cause, maintenir les savoirs nécessaires pour «reconstruire la civilisation»
   Dans le numéro de Juillet du Monde Diplomatique*, à côté des récurrents articles parfois ennuyants sinon récurrents sur les situations terribles et irrésolues des quatre coins de la planètes, on tombe parfois sur un article qui va mettre un peu de sel dans votre quotidien, qui va vous en apprendre sur quelque chose qui nous concerne tous au plus près, au plus immédiat: la préparation à la fin du monde !

   L'article de Denis Duclos** vient nous éclairer sur les mouvements dits de preppers qui semblent fructifier en Amérique du Nord, des groupes de gens de plus en plus nombreux qui s'activent à se préparer à survivre à «la fin du monde tel que nous le connaissons». Et au-delà du simple aspect fantastique et psychotique que le regard de l'observateur extérieur pourra poser poser sur ces sous-cultures, le chercheur vient exposer les traits importants d'un mouvement assez disparate.
   Une philosophie qui dépasse les limitations des mouvements millénaristes car il n'y a pas de date fixe, mais un risque continu: naturel ou systémique. Tout scénario catastrophe est un argument pour se préparer davantage à l'apocalypse.

   Et si on retrouve un large publique de paranoïaques, théoriciens du complot voire simple écologistes isolationnistes, Denis Duclos indique que la pensée sous-jacente rappelle celle de la prédestination calviniste, avec sa distinction entre les élus (ceux qui se préparent) des autres, mais se distingue aussi d'une pensée hippie et survivaliste des 90's en ce qu'elle ne prône pas le rejet de mode de vie ou une défiance envers le pouvoir.
   Par contre, l'auteur va pointer les limites et dangers de ce nouveau courant de pensée: l’isolationnisme armé, car il faudra bien se protéger des cigales, de ceux qui ne se seront pas préparés et qui risquent plus donc de se transformer en prédateurs.
   Le fantasme de la fermeture communautaire, si bien décrit par Night Shyamalan dans son film The Village, en 2004, multiple les adeptes... qui préféreront sans doute les films cultes 2012, de Roland Emmerich, ou The Road, de John Hillcoat, qui ont l'avantage de ne pas faire réfléchir !
   Le chercheur en déduit que la peur de l'autre devient une constante de ce modèle de pensé, et que la consommation impulsive reste une caractéristique chez nombre d'entre eux, car à une consommation s'en est substituée une autre, celle des biens qui font la préparation à la fin du monde: des boites, matériel de secours, et des munitions... car quelque part remarque Denis Duclos, pour pouvoir produire certaines choses soi-même il faut toujours encore recourir aux biens de la grande distributions comme ingrédients de base. un nouveau marché en soit.
   Mais la plus grande limite du preppers reste pour l'auteur, le fait que plongé dans leur scénario catastrophe, ces mouvements s’évitent de penser le maintenant et de contribuer à changer la donne.

voir sommaire et extrait sur le site du journal
** anthropologue, directeur de recherche au CNRS



***
lire davantage de SF sur ce blog ? suivre le Libellé 'PSF'


Commentaires

  1. Intéressante réflexion sur le mouvement survivaliste.

    RépondreSupprimer
  2. et devine qui me suit sur Twitter pour avoir twitté un hashtag #preppers ?? ^^

    --> https://twitter.com/PreppersGuide

    big LOL

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Salut ! Laissez moi donc un message, à défaut de me jeter des cacahouètes par dessus la grille... :P