The Minority Report

   " As I’m sure you know, Precrime has cut down felonies by ninety-nine and decimal point eight percent. We seldom get actual murder or treason. After all, the culprit knows we’ll confined him in the detention camp a week before he gets a chance to commit the crime. "
   Publiée une première fois en 1956*, cette courte nouvelle de SF sert de base au film éponyme de Spielberg en 2002. Si le film pour des raisons propre à l'industrie du cinéma va bien au-delà de ce que le texte recèle, le récit de Philip K. Dick propose dans un futur indéfini, mais pas si distant, une organisation capable de prédire les crimes grâce aux 'prophéties' réalisées par trois individus, ou 'précogs'.

   La trame en elle-même est simple: le Directeur de l'établissement chargé de l'identification et de l'arrestation des pré-criminel voit sortir son propre nom associé à celle d'une victime qu'il ne connaît pas. Pensant à une machination, il tente de s'enfuir mais est vite rattrapé par l'ensemble des protagonistes. Il doit alors œuvrer pour sortir de l'impasse dans laquelle il se trouve: être arrêter comme pré-criminel et rejoindre tous ceux qu'il y a envoyés ou bien démontrer qu'il y a une erreur et admettre la non infaillibilité du système, avec toutes les conséquences sociales et politiques que cela impliquera.
  
   Minority Report traite quelque part déjà à une des angoisses de notre temps: peut-on prévoir les crimes et prévenir ceux-ci avant que le criminel en puissance ne passe à l'acte? Peut-on empêcher certains actes en neutralisant la perpétration en amont? Ce qui en soit est une contradiction avec quelques fondements de notre système comme quoi on ne peut juger/condamner des individus pour des faits qui n'ont pas eu lieu: ici l’intention serait suffisante. Juger les gens sur des intentions est un exercice périlleux.
   Dans son roman, Philip K. Dick invente des 'précogs' dont la fonction est de voir l'avenir, d'évaluer un scénario à venir. Dans la réalité, nous ne disposons pas de tels êtres. Aussi, notre système repose sur le principe du libre-arbitre selon lequel les individus peuvent décider librement à tout moment de choisir et qu'il n'y a pas de déterminisme. C'est un peu sur ce fil rouge que l’œuvre opère: le Directeur de Precrime est persuadé d'une machination car il ne peut envisager que le système puisse se tromper, ce qui signifierait que des erreurs furent aussi commises par le passé et que des innocents furent arrêtés sur des conjectures non fiables.

   As they walked along the busy, yellow-lit tiers of offices, Anderton said: “You’re acquainted with the theory of precrime, of course. I presume we can take that for granted.”
   “I have the information publicly available,” Witwer replied. “With the aid of your precog mutants, you’ve boldly and successfully abolished the post-crime punitive system of jails and fines. As we all realise, punishment was never much of a deterrent, and could scarcely have afforded the comfort to a victim already dead.”
   They had come to the descent lift. As it carried them swiftly downward, Anderton said: “You’ve probably already grasped the basic legalistic drawback to precrime methodology. We’re taking in individuals who have broken no law.”
   “But surely, they will,” Witwer affirmed with conviction.
   “Happily, they don’t — because we get to them first, before they can commit an act of violence. So the commission of the crime itself is absolute metaphysics. We can claim they are culpable. They, on the other hand, can eternally claim they’re innocent. And, in a sense, they are innocent.

   La conclusion du roman paraitra assez rationnelle et logique dans le cadre de la nouvelle mais le déroulement de l'action permet au lecteur de se confronter à quelques questionnements éthiques sur ce que ce système - qui pour certains apparaîtra comme une dystopie pour d'autre comme une utopie - propose d'atteindre mais aussi sur ce qu'il présuppose.
   



* "The Minority Report" in Fantastic Universe, January 1956 (http://www.isfdb.org/cgi-bin/pl.cgi?89722) et dans le même numéro, on trouve la shortfiction de F.Herbert "The Nothing". Le texte se trouve sur la Toile en .pdf (http://www.cwanderson.org/wp-content/uploads/2011/11/Philip-K-Dick-The-Minority-Report.pdf)

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