"All the Grahams desired was a home they could call their own ... but what did the home want?"
Cette très courte nouvelle peut se trouver dans sa version traduite dans le recueil "Les prêtres du Psi" sous le titre "La Drôle de Maison sur la Colline", la version originale publiée dans un magazine SF* date de 1958, c'est à dire bien avant les Dune, Void, Nef et autre BuSa. Très rapide, c'est dès les premiers mots que se distille dans l'esprit du lecteur le goût du mystère et de la SF: "Ted Graham, dont c'était la dernière nuit sur Terre [...]"
(p197) Un nom de protagoniste lambda associé à une éventualité peu banale, lorsque la banalité est en promiscuité avec le fantastique, que peut-il se passer ?
En quelques pages, FH fait basculer le lecteur et ses protagonistes d'une situation on ne peut plus normale dans un univers qui semblent suivre d'autres règles.
Tentative de résumé:
M. et Mme Graham, cette dernière étant enceinte, cherchent à acquérir une maison après avoir passé plusieurs années dans leur caravane. Un soir, ils vont visiter la demeure d'un particulier, M.Rush, qui semble être en léger stress avec sa femme avec laquelle il s'entretient dans une langue étrangère, qui se propose donc d'échanger sa demeure contre la caravane des Graham. Mais l'échange semble très inégal pour Ted tant la maison est somptueuse, et il s'entretient un moment en privé avec sa femme pour décider de l'offre.
illustration originale dans le
Galaxy SF par Johnson
C'est là que tout bascule.
En fait, les 'Rush' sont des Raimee, travailleurs forcés au service des Rojac, tous étant des entités extra-terrestres. Percepteurs d'impôt, ils ne supportent plus leur condition et procèdent à un 'échange' de maison avec les les humains, à leur insu. Lorsque les Rojac découvrent le subterfuge, il est trop tard et les Graham devront donc remplacer les Raimee alors que ces derniers goûteront `a tout ce dont ils furent privés auparavant.
Toutefois, le conditionnement moral auquel les Raimee sont soumis est tel qu' ils se savent condamnés à revenir auprès des Rojac.
Le nœud de l'intrigue tourne autour de cet échange inégal: ce qui au départ semble être une opportunité immobilière en or sans grande envergure se révèle être un piège dressé à l’échelle inter-galactique. FH monte une intrigue qui rapidement bouscule les lignes de la narration pour jouer sur différents niveaux mais toujours en donnant le vertige du basculement: temporelle, spatiale, psychologique, toutes les échelles sont mises dans des perspectives effroyables en quelques lignes.
En partant d'une insignifiante scène de la vie quotidienne, les lecteurs ne vont même pas avoir le temps de s'interroger sur la vraie nature de l'échange qu'il est déjà trop tard ! À peine les Graham ont ils accepté l'offre que le piège se referme sur eux et que la SF s'impose dans le fil du récit. Bien sûr des indices émaillent la trame jusqu'au moment fatidique, mais ils sont tellement placés dans le cadre d'une normalité insoupçonnable qu'ils ne deviennent apparents qu'après coup.
Et comme une ultime verticalité dans cette spirale vertigineuse, la fatalité encercle cette histoire: si les Graham sont des victimes presque innocentes, les Raimee ne parviennent pourtant pas à s'échapper de leur conditionnement et, comble de la dérision, attire par cet échec le danger sur la planète Terre.
* "Old Rambling House" in Galaxy Science Fiction, April 1958 (http://www.isfdb.org/cgi-bin/pl.cgi?58430)
et le texte se trouve sur la base du Project Gutenberg (http://www.gutenberg.org/files/29492/29492-h/29492-h.htm)
et le texte se trouve sur la base du Project Gutenberg (http://www.gutenberg.org/files/29492/29492-h/29492-h.htm)
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cet article est publié dans le cadre du Défi Frank Herbert
Commentaires
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Salut ! Laissez moi donc un message, à défaut de me jeter des cacahouètes par dessus la grille... :P