Nous les Martiens

   En achetant ce livre (pour 1,22€), c'était essentiellement pour avoir quelque chose à chroniquer pour le Défi Martien, une lecture facile, définitivement kitsch et datée, mais en aucun cas je ne savais qui était Jimmy Guieu. Depuis, Ferocias - Elohim à temps partiel - m'a ouvert les yeux. Car ce n'est pas la lecture de ce roman qui m'aurait fait basculer dans le côté UFO de la vie.

   Jimmy Guieu, pseudonyme littéraire de Henri-René Guieu (1926-2000), écrivain de SF, polar, espionnage et érotique (voir bibliographie), s'est essentiellement fait connaître pour son engagement dans l'ufologie française. Pour tous ceux qui veulent savoir plus sur le personnage et son combat, j'ai relevé quelques liens qui vous guideront vers plus de 'lumières'
  • la page Wikipédia, qui reste factuelle et objective
  • un canal YouTube sous le pseudo jimmyguieu 
  • un dossier plus exhaustif sur son œuvre par SFMag 
  • une page plus engagée par Preuve OVNI avec quelques vidéos
   "Nous les Martiens" est l'un de ses premiers romans. Publié en 1954, il utilise l'état des connaissances de l'époque pour développer une théorie romancée des origines de l'homme sur la Terre. Initialement publié aux éditions Fleuve Noir, dans la collection Anticipation, n°31 c'est l'édition des Presses de la Cité, coll. Science-fiction Jimmy Guieu n° 12, 1988 que je me suis procurée (l'illustration de couverture présentée correspond à cette dernière édition)
   Sur Nergal, quatrième planète du système solaire, Blanc et Rouge cohabitent en harmonie dans leur société, mais la biosphère se détériore depuis longtemps déjà car la la planète perd inéluctablement son atmosphère, et l'approche de la comète Yahoun va précipiter la destruction de ce monde. Dernière option, embarquer un contingent de Nergalien et les évacuer vers le prochain monde disponible que la comète aura épargné, car sur son parcours elle croisera deux autres planètes. Ainsi, Maïko et Whilna doivent-ils dépêcher les préparatif pour embarque plusieurs milliers d’autochtones dans une centaines d'aéronefs destination Geona, troisième planète du système qui selon les études accueille déjà des traces de vie végétale et animale et qui sera plus ou moins épargnée par le passage de la comète. Ishtar, quatrième planète du système, sera elle aussi sévèrement affectée et ne constitue pas une option envisageable.
   Partis en catastrophe, les émigrants observent impuissant la destruction de leur monde par les hublots de leurs vaisseaux, puis, en approche de leur destination observent de nouveau comment la comète fait basculer l'axe de rotation de Geona et stérilise définitivement son satellite naturel Lounha. La menace passée, les Nergaliens procèdent à l’approche de la planète à la recherche d'un lieu où se poser et s’implanter.
   Effectuant un rapide tour de la planète afin d'identifier un espace épargné par la catastrophe, ils se posent sur une île-continent qu'ils s'empresseront de nommer Atlan-île du nom de leur Dieu Atl. Après quelques temps passés à s'acclimater (la pesanteur est trois supérieure à celle de leur monde natif), à faire le tour des ressources locales (bitumes et houilles) et à commencer les travaux d'aménagement, Whilna est enlevée par des "hommes".
   Elle découvre ainsi que sur Geona, ils ne sont pas les seuls nouveaux arrivés : avec le passage de Yahoun, les habitants de la planète Ishtar, dont la connaissance mutuelle était alors inconnue, ont aussi suivis la même stratégie et ont fuit pour Geona. Les Ishtariens se composent de Jaunes et de Noirs, où les premiers ont l'ascendant sur les seconds. Après une dispute pour savoir de qui du chef Jaune ou Noir s’octroieraient la Rouge Whilna comme femme-esclave, le leader Jaune prend la fuite avec les siens vers une autre partie du globe non sans avoir laisser derrière lui les Noirs démunis.
   Entre-temps, les Nergaliens se sont mis à la recherche de Whilna et finissent par rencontrer les Noirs qui s'allient donc à eux pour aller chasser les Jaunes dont les vue hégémoniques ne peuvent que être une future menace pour tous les autres groupes.
   Il s'ensuit un court combat en aéronef qui se solde par une victoire à la Pyrrhus des Nergaliens; les Noirs, Rouges et Blancs se retrouvent sur l'Atlan-île pour tenter de rebâtir une civilisation avec le peu qui leur reste de leur fuite et la destruction causée par le combat.

   Et là, en jouant les esprits simplets, il serait légitime de se demander "mais où est le rapport à Mars et au tire ?" Donc comme vous l'aurez compris, en substituant Mars à Nergal, Terre à Geona et Vénus à Ishtal, on refait -ouf- apparaître le lien.
   Cette fiction des origines tente de prendre une tournure scientifique et rationnelle dans l'épilogue qui se situe hors-univers mais non hors-roman : la scène fictive se situe dans un colloque, un certain 23 mars 1981, présenté par un certain Jean Kariven, personnage déjà crée dans un roman postérieur de Jimmy Guieu, dans lequel il expose ou plutôt énonce les quelques théories qui se forment autour du thème 'les origines cosmiques de l'Humanité'.
  • il y a 100 à 300 mille ans, un astre percuta la Lune
  • les tablettes astronomiques chaldéennes, hindoues et d'autre civilisations anciennes tendent à montrer que Mars et Vénus suivaient des orbites différentes à une époque reculée.
  • une 'comète' a fortement perturbé ces orbites et provoqué le changement de polarité de la Terre (c'est pour cela que l'on trouve des fossiles dits sub-tropicaux au Groenland - car en 1954, la tectonique des plaques et la dérive des continents  ne sont pas encore des théories complètement acceptées - d'ailleurs, dans "la Nuit des Temps" de Barjavel on retrouve le même emploi de la théorie du basculement.)
  • auparavant, Vénus et Mars étaient habitées et à l'approche de la catastrophe, leurs habitants respectifs émigrèrent vers la Terre où ils durent s'acclimater.
  • les Blanc et Rouges viennent de Mars, les Noirs et les Jaunes viennent de Vénus, c'est la position des planètes par rapport au Soleil qui expliquent la différence de pigmentation.
  • le Mythe de l'Atlantide est à rapprocher de cette théorie.
   Le colloque, dans le roman, se termine sur une foire d'empoigne !
"Au fond de la salle se dressa un vénérable petit monsieur qui, en brandissant, la Bible, éructa:
 - Vous profanez ce livre sacré par vos paroles sacrilèges, docteur Kariven !
 - Nous, des Martiens ! glapit un Rationaliste au bord de l'apoplexie. Je vous demande un peupeu.. un peu, bégaya-t-il. Nous des... Mar.. des Martiens!
 - Et pourquoi pas? rétorqua le voisin du sceptique. Si nous descendons des Martiens, vous, vous descendez sûrement des babouins!
 - Je ne vous.. vous permet pppppas, Monsieur ! répliqua le petit vieux d'une voix de fausset. Vous êtes un impudent ! Un impertinent Un minus habens !
 - Et vous un con.. servateur! Ce mot commence mal, vous l'avez remarqué ?
Suffoqué, l'autre lança alors l'injure suprême chez la gent rationaliste :
 - Espèce d'Ufologue !
Une mémère rondelette aux yeux de poissons rouge derrière ses lunettes, brandissant elle aussi l’étendard de l'"Union", vint à la rescousse appuyer son collègue et invectiva le supporter du conférencier:
 - Chasseur de soucoupe volante, ! Parapsychologue ! Tordeur de fourchette! Uri Geller!
Deux ou Trois autres "conservateurs" vomirent des imprécations mais la salle, ulcéré par ces fauteurs de troubles, les conspua, les hua copieusement avant d'applaudir à tout rompre Jean Kariven qui se levait, s'inclinait légèrement avec un sourire amical à l'adresse de l'auditoire et gagnait les coulisses. non sans songer à cette pensée adaptée de l'Évangile:
 - Margaritas ante porcos !
   En terme de SF, on a fait mieux, on a lu mieux. Et c'est vraiment le terme 'kitsch' qui incessamment revient taquiner le bout de mes doigts sur le clavier :  mises en scènes pseudo-solennelles, discours grandiloquents, personnages stéréotypés, catastrophisme irréaliste... la conquête de Geona/Terre par les Nergaliens/Martiens tourne au Planet-Opera avec sa faune inconnue et ses mystères inquiétants de carton pâte...






Nous les Martiens, Jimmy Guieu
Space-Opera
ISBN 2-258-02296-7
Ed. Presses de la Cité
coll. Science-fiction Jimmy Guieu n° 12

Commentaires

  1. Haaa de la SF signée Jimmy Guieu ! Tu as bien raison, y'a pas de mal à se faire plaisir de temps en temps ;)

    PS : pauvre Férocias :D Faudra que je lui offre une bière pour me faire pardonner ^^

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  2. Encore qu'il est précisé dans le titre que ça cause de Mars. Ça a l'air rigolo en tout cas.

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