De son titre et son sous-titre complet en Anglais : TO SAIL BEYOND THE SUNSET - The Life and Loves of Maureen Johnson (Being the Memoirs of a Somewhat Irregular Lady), publié en 1987, est en fait le dernier ouvrage du Cycle dit "Lazarus Long" dans lequel on peut inclure Methuselah's Children, Time Enough for Love, The Number of the Beast, et The Cat Who Walks Through Walls. Commencer par le dernier opus d'une série peut sembler être le pinacle de l'absurde, mais je n'ai ici péché que par ignorance : comme pour le précédant roman, je pris celui-ci que par hasard dans un bac à 1,5€. En lisant quelques notes sur Internet, je peux ainsi mieux comprendre certains éléments, mais pour l'essentiel, le livre peut se lire - je pense - indépendamment, car si en effet des éléments font références à d'autres, ces lacunes n'entravent pas pour autant la lecture sinon juste la compréhension de quelques choix et de quelques raccourcis (entre autres, le chat passe à travers les murs...). Et certainement la non-lecture des ouvrages précédents doit ôter cet incroyable sentiment de pouvoir faire cette connexion presque intuitive lorsque certains noms ou événements se produisent - qu'importe, le livre se vaut aussi pour d'autres raisons.
Si l'intrigue mêle les principaux ressort du roman d'anticipation comme les voyages dans le temps, la présence d'univers parallèles ou la représentation d'un futur; l'essence du roman tient dans ce que le sous-titre énonce : la vie et les amours de Maureen Johnson, les Mémoires d'une dame un peu spéciale. Le cadre "uchronique" du roman permet à l'auteur de délivrer un message sur la société du 20ième siècle, tel qu'il a pu le connaître. Tentative de résumé :
Si l'intrigue mêle les principaux ressort du roman d'anticipation comme les voyages dans le temps, la présence d'univers parallèles ou la représentation d'un futur; l'essence du roman tient dans ce que le sous-titre énonce : la vie et les amours de Maureen Johnson, les Mémoires d'une dame un peu spéciale. Le cadre "uchronique" du roman permet à l'auteur de délivrer un message sur la société du 20ième siècle, tel qu'il a pu le connaître. Tentative de résumé :
Maureen Johnson vient de se réveiller nue dans un lit accompagné d'un maccabé et d'un chat. Incapable de se souvenir comment elle est arrivée là, son séjour dans la prison de l'Église du Divin Inséminateur va être l'occasion pour elle de se remémorer sa première vie, celle qui s'écoula entre 1882 et 1962 sur Terre en Temps 2 Code "Leslie LeCroix" (nom du premier homme ayant marché sur la Lune)
Nous suivrons alors Maureen,au travers de son adolescence et son éducation sexuelle, de son introduction dans la famille Howard et de son mariage, de sa vie de couple sexuellement libéré et la croissance de sa progéniture, de ses vues très libérales sur la famille, la sexualité et la société d'alors.
Finalement libéré par le Comité de Liquidation Esthétique puis par sa propre "famille", elle partira pour une expédition dans le temps à la recherche de son père avant de procéder à un mariage collectif.
L'ouvrage relève quelque part du roman initiatique, tendance sexuelle, dans lequel Maureen, d'abord jeune fille, s'efforcera de définir et de vivre selon des commandements qui lui donneront une très grande libéralité.
Car il n'y a pas que sa forte libido qui tranche avec ce qui peut s'afficher pour l'époque, il y a aussi ses vues sur le fonctionnement du mariage et des relations hommes-femmes dans la société qui affranchissent cet oeuvre d'une obsolescence technique (mis à part quelques plans sur le téléphone 3D ou des villes-mobiles) pour le rendre critique et moderne dans son discours social.
Il n'y a pas que du sexe libre, il y a de l'inceste "choisi". Ainsi la Fiesta de la Santa Carolina fait référence directement à l'inceste arrangé pré (ou post, je ne sais plus) nuptial de son mari avec leur propre fille (il s'agit du mariage de leur fille) comme une mise en scène des lubies de Maureen quant à son désir sexuel affiché de son propre père. Il y a de l'inceste toléré quand elle tente de modérer et réguler les relations affectives et sexuelles entre ses deux derniers rejetons.
Après son divorce à l'amiable, mais très finement discuté, qui laissera une remarque très pertinente par l'auteur (p347 "Lorsqu'un mariage est mort, il est mort, et il commence à puer encore plus vite que du poisson crevé"), c'est la nature même des relations qui s'en trouve par là libérée et dont la définition tiendra dans le contrat de mariage collectif qui clôt l'ouvrage :
Car il n'y a pas que sa forte libido qui tranche avec ce qui peut s'afficher pour l'époque, il y a aussi ses vues sur le fonctionnement du mariage et des relations hommes-femmes dans la société qui affranchissent cet oeuvre d'une obsolescence technique (mis à part quelques plans sur le téléphone 3D ou des villes-mobiles) pour le rendre critique et moderne dans son discours social.
Il n'y a pas que du sexe libre, il y a de l'inceste "choisi". Ainsi la Fiesta de la Santa Carolina fait référence directement à l'inceste arrangé pré (ou post, je ne sais plus) nuptial de son mari avec leur propre fille (il s'agit du mariage de leur fille) comme une mise en scène des lubies de Maureen quant à son désir sexuel affiché de son propre père. Il y a de l'inceste toléré quand elle tente de modérer et réguler les relations affectives et sexuelles entre ses deux derniers rejetons.
Après son divorce à l'amiable, mais très finement discuté, qui laissera une remarque très pertinente par l'auteur (p347 "Lorsqu'un mariage est mort, il est mort, et il commence à puer encore plus vite que du poisson crevé"), c'est la nature même des relations qui s'en trouve par là libérée et dont la définition tiendra dans le contrat de mariage collectif qui clôt l'ouvrage :
Nous ne prêtons qu'un seul serment, celui de sauvegarder l'avenir et le bonheur de tous nos enfants. [...] Vous couchez avec qui vous voulez, vous faites l'amour avec qui vous voulez, c'est votre affaire.
On trouve un certain sérieux dans les thèmes abordés, et dans les messages délivrés, dont j'en résumerai un qui m'a semblé plus apparent : Si les choses doivent pouvoir être faite librement, cela ne signifie pas qu'elles puissent être faites avec désinvolture, dans le sens sans considération ou responsabilité dans leurs conséquences.
PS : l'illustration de Michael Whelan est très "SF", mais je n'ai toujours pas capturé le rapport au livre... ?!?
Ah, te voilà qualifié pour le challenge Robert Heinlein du Traqueur Stellaire. Je retweete avec bonheur.
RépondreSupprimerTu t'es inscrit sur Planète SF ?
merci :)
RépondreSupprimerpour PSF, j'ai essayé... mais j'ai pas l'impression que cela a fonctionné.
Hello
RépondreSupprimerChronique intéressante, merci à toi. Oui commencer par lire Au-delà du crépuscule sans s'être attaqué au reste (et pas que les ouvrages que tu cites, il y est fait référence à encore plein d'autres ;) ) est un peu bourrin voire même pour moi mission impossible. Cela se retrouve dans ta chronique, beaucoup d'éléments t'échappent et c'est tout à fait normal - donc de ce côté là tu es irréprochable, mais tu as du te demander qu'est-ce que c'était que ce bin's durant toute ta lecture :D
Le roman n'est pas vraiment uchronique. J'aurais tendance à réfuter l'étiquette pour une raison assez simple. Sa base remonte aux premières nouvelles d'Histoire du Futur, qui étaient à l'époque de l'anticipation. Le cadre de cet univers ayant été rattrapé par la réalité, il s'en retrouve très décalé. Mais l'uchronie est un exercice volontaire de description d'une situation historique alternative. Ici, il ne s'agit que de poursuivre le travail d'anticipation et d'imagination entamé 49 ans avant ce dernier roman, on reste donc dans un cadre très distinct et difficilement étiquetable. Si ce n'est en y accolant l'étiquette de roman Heinleinien ;)
Sinon pour l'inscription à planete-SF, le blog nous a bien été soumis, cependant il n'y avait qu'un seul billet dans le flux "SF", ce qui était trop léger par rapport au contenu général du blog pour l'accepter.
RépondreSupprimermerci à toi
RépondreSupprimerje me suis permit le terme "uchronique" entre guillemet parce que l'auteur empruntent quelques ressorts qui correspondent à la définition du genre. De ce que je comprends de ton billet, c'est que cette dimension "uchronique" est involontaire, fruit d'un parallèle divergent entre le récit in-univers et la réalité hors-univers ?!?
Pour PSF, ce n'est pas un pb; ce n'est en effet pas avec 2 chroniques que l'on peut prétendre à s'y inscrire, et les re-tweet d'Anudar devrait suffirent :)
Disons qu'une bonne partie de l'œuvre d'Heinlein souffre aujourd'hui de la "désillusion de l'an 2000". Beaucoup d'œuvres anticipatrices de SF ont prophétisé un avenir que nous savons désormais faux. Pour l'Histoire du Futur, le simple nom du premier astronaute à marcher sur la Lune ou l'absence de bases lunaires habitées en sont des exemples flagrants.
RépondreSupprimerMais on ne peut pas vraiment parler d'uchronie. L'uchronie, comme l'a défini Charles Renouvier, est une spéculation basée sur la fluctuation conditionnelle d’un événement historique passé. Or ces vieilles anticipations spéculaient sur le futur, mais de leur temps ! C'est de toutes manières un problème assez classique dans l'analyse des œuvres de SF assez anciennes. Par exemple, peut-on décemment qualifier Jules Verne d'auteur steampunk ? Pour un genre qui apparut près d'un siècle après lui et dans un contexte radicalement différent d'alors, l'étiquette me chiffonne. De même on n'ira pas étiqueter d'uchronie le film 2001 alors futuriste. Cela n'aurait pas beaucoup de sens.
Heinlein joue assurément sur cette ambiguïté puisqu'il savait pertinemment que son anticipation ne s'était pas vraiment réalisée au moment d'écrire son dernier roman ! Mais ce n'est pas grave, car les romans tardifs d'Heinlein n'ont pas vraiment l'objectif de réécrire l'histoire moderne. Il poursuit donc son œuvre littéraire en prolongeant cet univers d'anticipation, même si elle a perdu de son aspect prophétique. C'est vrai, la base de son histoire repose au moment de l'écriture sur un passé spéculatif. Mais ce passé alternatif correspond à un futur rêvé au tout début de ses sagas. Sa plume s'est fait rattraper par la réalité. Il ne faut donc pas trop se fixer sur ce "mirage uchronique" trompeur, car ce n'est pas la-propos du bouquin ;)
merci pour les précisions. en effet, quand un auteur est rattrapé par le/son temps, on ne peut pas vraiment lui attribuer une intention qu'il n'avait alors pas, ou qui serait mal placé, voire anachronique.
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